Il y a un an, une mésaventure concernant mes hellébores avait sérieusement entamé mon moral. Plusieurs pieds de mes précieux bébés présentaient des tâches noires sur les fleurs, les tiges, les feuilles... bref, toutes les parties de la plante étaient atteintes de façon plus ou moins importante. Ce n'était pas la première fois que je voyais ça, une de mes hellébores avait de tels symptômes depuis au moins trois-quatre ans, mais là , la maladie avait gagné un grand nombre de pieds et même sévèrement pour certains. J'ai bien sûr pensé à la maladie des tâches noires. Aurais-je transmis le virus aux autres plantes en coupant les vieilles feuilles au début de l'hiver ou les fleurs passées au printemps. Pourtant je prenais soin de désinfecter régulièrement la lame avec un briquet. Aurais-je pu transmettre le virus par le pollen en effectuant mes croisements ? Mais était-ce bien un virus ?
Un spécialiste à qui j'avais envoyé des photos de mes plantes malades me le confirme : virus ! Il faut détruire les plantes atteintes. Gros coup au moral. Dix années d'efforts réduit à néant ? Devoir tout recommencer ? Je décide alors de me séparer des plantes les plus sévèrement touchées mais ne pouvais me résoudre à en supprimer certaines auxquelles je tenais beaucoup. Après recherche, je découvre qu'il y a peut-être un espoir : régénérer les plantes virosées par la culture in vitro du méristème. Bien que la civ - culture in vitro - ne fonctionne pas très bien avec les hellébores hybrides, je me dit que ça vaut la peine d'essayer. Je décide donc de déterrer mes plants malades restants pour les mettre en pots, puis en quarantaine sous une mini-serre et me voilà parti pour faire un stage sur ce thème, acquérir du matériel, commander du milieu de culture, etc.
Nous arrivons au début des floraisons 2022 et je m’apprête à effectuer mes premiers essais de civ lorsque je découvre sur un groupe Facebook d'amateurs d'hellébores des photos de plantes présentant le même type de tâches que les miennes. La personne qui en est l'auteur demandait conseil n'arrivant pas à en venir à bout après 2 ou 3 années. Un spécialiste lui répond qu'il s'agit probablement d'un champignon et qu'elle doit traiter avec un antifongique puissant. Serait-ce alors un simple champignon en ce qui concerne mes hellébores ? Je n'ose y croire. Ce serait en tous cas une bonne nouvelle, mieux vaut un champignon qu'on peut combattre qu'un virus pour lequel il n'existe aucun traitement. J'avais bien traité à la bouillie bordelaise mais les tâches revenaient.
Je commande donc un antifongique assez puissant et traite l'ensemble de mes pieds, plus le sol, dès l'apparition des nouvelles feuilles en deux fois, à quinze jours d’intervalle. Et devinez quoi ? Plus aucun tâche - enfin si, mais sur un seul pied. L'hypothèse du champignon était la bonne, à mon grand soulagement.
Me voilà requinquer comme jamais, prêt à poursuivre ce travail passionnant d'hybridation avec ses réussites, ses échecs parfois, avec la satisfaction d'atteindre les objectifs qu'on s'était fixés, la déception aussi et de temps en temps, d'agréables surprises avec un résultat totalement inattendu.
Je reviens bientôt avec quelques exemples de croisements et les résultats qu'ils ont donnés, et il y a eu beaucoup de nouvelles floraisons cette année !